+ Ajouter à ma sélection Croissance française : « La chute du PIB devrait être comprise entre 11 et 14 % » 3 Nov. 2020 Actualités #crise Bercy table désormais sur une récession de 11,3 % en 2020 La deuxième vague de Covid-19, qui sévit actuellement en France, a contraint les autorités à un nouveau tour de vis pour tenter de freiner son intensité. Un nouveau confinement est ainsi en vigueur depuis le 30 octobre et les commerces jugés non-essentiels ont dû à nouveau baisser leurs rideaux. Dans ce contexte sanitaire et économique particulièrement délicat, Bertrand Candelon*, spécialisé en macroéconomie, a répondu à 3 questions de l’Institut Louis Bachelier (ILB). ILB : Quelle est votre analyse à la suite du reconfinement annoncé par le Président Macron ? Bertrand Candelon : C’est évidemment une mauvaise nouvelle pour l’économie française, qui a déjà été durement affectée par la première vague du virus. Toutefois, nous pouvons voir le verre à moitié plein et à moitié vide. Dans les aspects négatifs, ce nouveau confinement augmente l’incertitude pour les entreprises et les ménages, ce qui réduira encore l’investissement et augmentera l’épargne de précaution. Cela montre aussi l’échec collectif (gouvernement, administration, mais aussi de la population dans son ensemble) du déconfinement du mois de juin. En outre, rien ne garantit que ce nouveau cycle de confinement/déconfinement soit un succès et qu’il ne soit pas suivi par des périodes de stop and go jusqu’à la mise au point d’un traitement (normalement au cours de l’été prochain). Ce nouveau confinement présente, néanmoins, certains aspects positifs. En effet, de nombreuses activités économiques (service public, BTP, transports, enseignement) pourront continuer à fonctionner. De même, beaucoup d’entreprises ont acquis de l’expérience lors du premier confinement avec la mise en place des protocoles sanitaires (distanciation, rotation des équipes, télétravail… ). L’impact pour ses secteurs sera donc très limité. Quelles sont les perspectives économiques pour cette fin d’année ? Un mois de confinement provoque une perte de PIB d’environ 60 milliards d’euros, soit 3 % du PIB. Cette fois-ci, les pertes devraient être moins fortes qu’au printemps dernier, car certains secteurs, comme le BTP, vont poursuivre leur activité. Néanmoins, au lieu d’avoir une légère croissance au quatrième trimestre, comme cela était prévu dans les projections effectuées avant la deuxième vague du virus, il y aura une contraction de l’activité. Qui plus est, la période de la fin d’année est très importante pour de nombreux secteurs. Ce nouveau confinement n’est donc pas de bon augure pour la consommation des ménages et l’investissement des entreprises, qui dépendent grandement de la confiance en l’avenir. Cette année, la chute du PIB devrait donc être supérieure à ce qui était prévu et être comprise entre 11 et 14 %. Quant à la dette publique, elle devrait dépasser les 120 % du PIB, qui était la projection avant ce deuxième confinement. À quoi peut-on s’attendre sur les marchés financiers ? La volatilité va rester élevée, mais les marchés financiers ne devraient pas s’effondrer, du moins à court terme. Dès que la fin de la crise sera entrevue, une tendance haussière prendra place et comblera une partie du gap entre les indices actions et l’économie réelle (le CAC a perdu presque 25% depuis le début de la crise contre 11 à 14% pour le PIB). Certes, le risque systémique augmente, mais tant que les banques résisteront au choc, la menace d’une crise financière d’ampleur reste modérée en dépit des fortes incertitudes actuelles. * Bertrand Candelon est professeur d’économie à l’Université Catholique de Louvain et à l’Université de Maastricht. Il est également directeur scientifique du programme de recherche Gestion des Risques et Stratégies d’Investissement, une initiative commune de l’Institut Louis Bachelier avec la société de conseil en investissement financiers Insti7. Spécialisé en macroéconomie et dans les crises économiques, il collabore régulièrement avec le Fonds Monétaire International. Ses articles scientifiques sont publiés dans les plus grandes revues internationales.