Si les questions géopolitiques ont jalonné le XXème siècle depuis l’apparition de cette discipline à la fin du XIXe siècle, elles restent toujours présentes dans le monde d’aujourd’hui et certainement celui de demain. De fait, la guerre en Ukraine déclenchée par la Russie il y a plus de deux ans ; les évènements au Moyen-Orient (avec notamment le dossier du nucléaire iranien et la situation alarmante à Gaza) ; ou encore le conflit sino-américain sur fond de batailles technologique, économique et même culturelle constituent des illustrations concrètes des préoccupations géopolitiques mondiales.

En parallèle à ce contexte houleux pour ne pas écrire belliqueux, la finance s’est largement mondialisée avec, si on devait retenir l’essentiel, les vagues de dérégulation des années 1980 et le poids très important (malgré un recul relatif) du dollar américain dans les transactions internationales ou les réserves de changes de nombreux pays de la planète. Dès lors, lorsqu’un pays se démarque négativement dans le concert des nations, l’arme financière peut être actionnée très rapidement, comme en témoignent les sanctions à l’égard de la Russie ou de l’Iran. Et pour y faire face, les pays sanctionnés tentent de trouver des alternatives au dollar (sociétés écrans, monnaies locales, cryptomonnaies…).

Ces imbrications de concepts et de faits – c’est-à-dire la géopolitique et les conflits correspondants, ainsi que la financiarisation de l’économie mondiale – font émerger une nouvelle discipline que nous avons baptisée “Géofinance”. Ce domaine de recherche, à la fois original et fortement d’actualité, fait ainsi l’objet d’un programme de recherche dédié, qui a été créé par l’ILB début 2024 et ouvert à l’établissement de partenariats avec des entreprises et institutions intéressées par ce sujet ô combien brûlant.

Ce nouveau numéro de la collection “Opinions & Débats” constitue d’ailleurs une première brique du travail mené dans ce nouveau programme de recherche. Les auteurs, André Lévy-Lang et Julien Pincet, dressent un panorama de la “Géofinance” mondiale avec bien entendu un focus particulier sur le rôle du dollar et ses implications en termes de sanctions et d’influence. Passionnant, précis et éclairant de bout en bout.

Bonne lecture !

Jean-Michel Beacco
Délégué général de l’Institut Louis Bachelier