Quel a été l'impact de la crise de 2008 sur la défaillance des entreprises ?

Résumé L'accélération du taux de défaillance des entreprises en France entre 2008 et 2010 a été précédée d'une envolée du nombre de créations d'entreprises en 2003-2004. Dès lors, identifier l'impact de la crise de 2008 nécessite de distinguer, parmi les défaillances survenues sur la période, celles résultant de la crise de celles découlant mécaniquement de la démographie des entreprises, car on sait que de nombreuses entreprises disparaissent au cours de leurs premières années d'existence. Notre étude a été réalisée à partir de l'univers des entreprises créées entre le 1er janvier 2000 et le 31 décembre 2007. Cet échantillon est extrait de la base de données gérée par la Direction des Entreprises de la Banque de France. L'absence d'information complète sur les entreprises créées avant 2000 nous a conduit à restreindre l'échantillon aux entreprises nouvellement créées, mais la période étudiée est suffisamment longue pour englober l'augmentation du nombre de création d'entreprises en 2003-2004. L'originalité de cette étude réside à la fois dans la taille de l'échantillon et dans la richesse des données utilisées. Notre analyse statistique se concentre sur la période entre la date de création de l'entreprise et celle de sa première défaillance. L'impact de la crise est estimé à l'aide d'un modèle de durée flexible, stratifié selon la date de création. Le modèle prend en compte les effets de l'âge de l'entreprise à la date de la défaillance, de son secteur d'activité, de sa taille et de la séquence des dates associées à ses incidents de paiement sur les effets de commerce. Nous examinons plus spécifiquement les taux de défaillance dans quatre secteurs d'activité : le commerce de détail, le transport, l'industrie manufacturière et la construction. La proportion de défaillances dues à la crise varie fortement entre ces quatre secteurs. En moyenne, l'impact de la crise de 2008 a été de 27% dans le commerce de détail, 35% dans les transports, 43% dans l'industrie manufacturière et 46% dans la construction. Les entreprises les plus jeunes, à savoir celles créées en 2006 et 2007, ont été les plus touchées par la crise.