Le lancement du Center for digital and decentralized finance (C2DF) de l’Institut Louis Bachelier (ILB) a été annoncé le jeudi 11 janvier, au cours d’un évènement qui s’est déroulé à la Place Fintech au Palais Brongniart.  Il s’agit d’un centre de recherche appliquée en mathématiques financières, dédiée à la finance décentralisée (DeFi) et numérique. Son objectif est de mettre la recherche académique au service de la DeFi.

Dans son propos introductif, Jean Michel Beacco, délégué général de l’ILB, a mis en avant l’importance du capital humain, qui est de premier rang en France, en particulier à Paris. De fait, ce paramètre est une donnée clé pour expliquer le dynamisme et l’attractivité de la place financière de Paris, comme montré par l’indicateur OFEX développé par l’ILB. Le C2DF permettra justement de « nourrir » le capital humain pour le mettre au service des infrastructures financières innovantes.

Jean-Michel Beacco, lors du lancement du DeFi Center, le 11 janvier 2024

 

Recherche partenariale sur la DeFi

Louis Bertucci, directeur du Centre, a présenté le fonctionnement de ce projet. À l’image de l’ILB le Center for digital and decentralized finance (C2DF) est un réseau de recherche partenariale qui mettra en lien les académiques, les institutions financières, les startups et les pouvoirs publics. Il doit accompagner la structuration de la recherche académique sur la finance décentralisée alors que ce domaine connait un essor depuis quelques années Mesurée par la Total Value Locked (TVL), la valeur des actifs basés sur la blockchain a explosé depuis 2020. Quasiment nulle en 2019, elle atteint près de 65 milliards de dollars aujourd’hui, après un pic à 200 milliards en 2021.

Louis Bertucci, lors la présentation du DeFi Center, le 11 janvier 2024.

 

Le centre aura quatre activités principales. Il sera chargé de mener des projets de recherche théorique et appliquée pour stimuler l’innovation, notamment avec les entreprises parisiennes Swaap Labs et Morpho Labs. Il permettra également la formation des professionnels sur la finance décentralisée, grâce à un certificat développé avec l’Université Paris Dauphine – PSL qui a débuté en février 2023. Par ailleurs, le centre fera le lien avec les régulateurs et les pouvoirs publics. Enfin, il ambitionne de soutenir la transition des institutions financières pour qu’elles intègrent la finance décentralisée.

 

Contrats intelligents et microéconomie

L’évènement s’est terminé par une table ronde avec des acteurs du secteur, modéré par Raphael Bloch (journaliste à The Big Whale, un média spécialisé dans les cryptomonnaies). Outre Louis Bertucci, elle a réuni, Hervé Alexandre (professeur à l’Université Paris Dauphine – PSL), Merlin Egalité (co-fondateur de Morpho Labs) et Cyrille Pastour (co-fondateur de Swaap Labs).

La table ronde qui réunit de gauche à droite : Raphael Bloch, Louis Bertucci, Cyrille Pastour, Merlin Egalité et Hervé Alexandre

 

Hervé Alexandre a rappelé que des branches de la microéconomie classique peuvent être appliquées à la DeFi, pour encourager la transition de chercheurs. Il s’agit notamment de l’asymétrie d’information ou des théories de la microstructure des marchés Merlin Egalité a présenté l’activité de Morpho Labs, qui développe un protocole de pré-emprunt basé sur la Blockchain Ethereum. De son côté, Cyrille Pastour est revenu sur le fonctionnement de Swaap Labs, qui permet un échange d’actifs grâce à des contrats intelligents (« smart contracts »). Il fait le constat que, si les innovations dans la finance décentralisée sont nombreuses, les compétences en modélisation sont encore lacunaires. Un argument supplémentaire pour dynamiser la recherche dans la DeFi et rapprocher ainsi le monde académique avec les professionnels du secteur.

Et les intervenants de la table ronde se rejoignent sur le fait que, d’ici 2030, une partie du système financier traditionnel sera opérée sur la blockchain. Ce qui souligne encore plus l’utilité du C2DF.