La 8e édition de la conférence Green Finance Research Advances (GFRA) s’est déroulée du 12 au 14 décembre 2023, à la Banque de France. Organisée par la Banque de France et l’Institut Louis Bachelier, avec le soutien d’I4CE et de l’Institut de la finance durable, elle réunit des chercheurs, des régulateurs et des professionnels. Les trois journées d’échanges ont permis de réfléchir aux implications de la transition environnementale et climatique sur le secteur financier dans son ensemble. Les débats ont pris la forme d’exposés, de tables rondes ou de présentations d’articles de recherche.

La première journée a été constituée de présentations organisées par le Réseau pour le verdissement du système financier (NGFS – Network for Greening the Financial System), qui réunit des banques centrales et des superviseurs financiers. Des échanges se sont tenus sur les incidences macroéconomiques de la transition climatique, la prise en compte du climat dans les politiques monétaires, le marché des obligations vertes, la hausse des facteurs énergétiques ou sur les conséquences de l’Inflation Reduction Act. Les présentations ont réuni des membres de banque centrales venus du Chili, d’Angleterre, d’Italie, de Chine, des Etats-Unis ou de Norvège. 

L’importance de certains métaux pour la transition écologique

Jean-Michel Beacco, délégué général de l’Institut Louis Bachelier, le 13 décembre 2024.

Le deuxième jour de la conférence GFRA, Jean Michel Beacco, directeur général de l’Institut Louis Bachelier, a souligné dans son discours d’introduction : « L’importance de renforcer les liens entre la recherche académique et la pratique en finance durable. Il s’agit ainsi d’accélérer la transition et de mieux prendre en compte les risques associés ».

Dans la foulée, Emmanuel Hache (IFP Energies nouvelles), est revenu, dans son discours (Keynote Speech), sur les enjeux posés par les métaux critiques. Les réserves de ces métaux cruciaux pour la transition écologique pourraient rapidement décliner. Sans aucune action des pouvoirs publics, d’ici à 2050, les quantités de lithium, cuivre et nickel pourraient diminuer de respectivement 32%, 89% et 61%. Emmanuel Hache explique pourtant que des solutions existent, grâce à des circuits de recyclage, à l’usage de nouvelles technologies ou à l’identification de métaux à protéger. En particulier, il insiste sur l’importance de créer une gouvernance internationale pour éviter les risques de « cartellisation » du secteur.

La perte de biodiversité est un risque pour le secteur financier

Ensuite, un premier panel a été consacré au lancement des travaux du NGFS sur les effets des risques liés à la nature. Emmanuelle Assouan (Banque de France) et Mark Reinke (De Nederlandsche Bank- DNB), ont introduit la session sur les convergences et divergences en matière de scénarios climatiques.

Puis, Nicola Ranger (Université d’Oxford) a présenté les risques pour l’économie de l’érosion du capital naturel, c’est-à-dire la baisse de la biodiversité et la dégradation de l’environnement. À travers une approche autant historique que scientifique, ses travaux mettent en évidence les effets délétères en cascade sur l’économie. Alors que la plateforme intergouvernementale IPBES (The Intergovernmental Science-Policy Platform on Biodiversity and Ecosystem Services) a montré que quatorze des dix-huit principaux écosystèmes se sont réduits depuis les années 1970, Nicola Ranger explique que les conséquences néfastes pourraient être massives. De fait, si les risques naturels sont plus sensibles au contexte local et plus difficiles à anticiper, ils devraient se manifester plus rapidement. Les risques naturels posent aussi des difficultés spécifiques aux institutions financières, les données d’étude étant plus limitées, ce qui invite ces dernières à améliorer leurs modèles internes.

Alignement des portefeuilles et neutralité carbone

Le troisième et dernier jour, Marcin Kacperczyk (Imperial College) a fait un état des lieux en matière de transition bas-carbone des portefeuilles d’investissement. Alors que les investisseurs visent un portefeuille neutre d’ici à 2050, les recherches de Marcin Kacperczyk permettent d’en évaluer les conséquences pour les entreprises. Pour cela, Martin Kacperczyk s’appuie sur le budget carbone mondial, qui désigne le quota d’émission permettant de rester sous 1,5 degré de réchauffement climatique. À partir du budget carbone et connaissant les émissions des entreprises prises individuellement, il peut construire un portefeuille respectant la trajectoire de décarbonation. Ainsi, ses travaux permettent de mesurer la « distance-à-la sortie » (distance-to-exit), c’est-à-dire la durée avant que l’entreprise soit exclue du portefeuille en l’absence d’une réduction suffisante de sa part des émissions de gaz à effet de serre. La distance à la sortie est donc une mesure intéressante du risque de transition.

La table ronde, qui a suivi, a été consacrée à l’alignement à la neutralité carbone. Raphael Jachnik (OCDE) a insisté sur la nécessité pour les institutions financières de s’appuyer sur des métriques claires pour mesurer leur transition. Imene Ben Rejeb-Mzah (BNP Paribas) est revenue sur les engagements de BNP Paribas en la matière, la banque étant membre du consortium Net Zero Banking Alliance depuis 2021. Alexandre Garcia (ACPR) a présenté de son côté une typologie des plans de transition. Si certaines banques ont pu suivre une stratégie impulsée par le marché, les plans sont maintenant imposés à la fois pour les entreprises (directive européenne CSRD) ou pour les institutions financières (règlement CRD6).

En conclusion, le prix Banque de France « Jeunes Cherheurs en finance verte  a été remis à Gauthier Vermandel, chercheur à l’’École polytechnique.

L’Institut Louis Bachelier tient à remercier chaleureusement l’ensemble des participants, qui ont permis des échanges nourris et très constructifs sur un sujet aussi majeur que celui de la finance verte.

Pour visionner la conférence en replay, cliquez ci-dessous :

https://green-finance-research-advances-2023.org/