Les inégalités sociales à l’épreuve de la crise sanitaire : un bilan du premier confinement.

Auteurs
  • PAILHE Ariane
  • SOLAZ Anne
  • BARHOUMI Meriam
  • JONCHERY Anne
  • LOMBARDO Philippe
  • LE MINEZ Sylvie
  • MAINAUD Thierry
  • RAYNAUD Emilie
  • POLLAK Catherine
Date de publication
2020
Type de publication
Chapitre d'ouvrage
Résumé En France, en mars-avril 2020, un surcroît de 27 000 décès (+ 27 %) est survenu, toutes causes confondues, par rapport à la même période en 2019, essentiellement en raison de la surmortalité provoquée par la Covid-19. L’Île-de-France (+ 91 %) et le Grand Est (+ 55 %) ont été les régions les plus affectées. Les personnes les plus âgées, celles nées à l’étranger et celles habitant dans les communes les plus pauvres et les plus denses ont été les plus touchées. Le risque d’exposition au virus varie selon les milieux sociaux : ouvriers et employés ont plus souvent continué à se rendre au travail à l’extérieur, les personnes les plus modestes vivent plus souvent dans des communes denses et des logements surpeuplés. De plus, ces dernières souffrent plus souvent d’obésité ou d’une pathologie associée à un risque élevé de développer une forme grave de Covid-19. 715 000 emplois ont été détruits au premier semestre 2020, en premier lieu dans l’intérim. Cependant, la chute de l’activité économique provient essentiellement des personnes restées en emploi : leur temps de travail s’est réduit de 34 % en moyenne du 16 mars au 10 mai. Le chômage partiel a concerné principalement les ouvriers (54 %) et les employés (36 %), tandis que les cadres ont plus largement travaillé à leur domicile (81 %). Un quart des ménages estime que sa situation financière s’est dégradée avec le confinement, plus particulièrement ceux qui ont réduit leur activité, ceux ayant des enfants et ceux dont les revenus étaient initialement bas. Pour l’avenir, un quart des personnes pensaient, fin avril, rencontrer des difficultés pour payer leur loyer, leur crédit immobilier ou leurs charges dans les douze prochains mois. Les personnes vivant seules ont, plus souvent que les couples, trouvé le confinement pénible (31 % contre 24 %). L’accès à un espace extérieur privatif et la taille du logement ont également pesé sur ce ressenti, plus particulièrement sur les ménages modestes ou avec enfants. En confinement, les femmes ont continué d’assumer l’essentiel des tâches domestiques et parentales, même quand elles travaillaient à l’extérieur : 19 % des femmes et 9 % des hommes de 20 à 60 ans ont consacré au moins quatre heures par jour en moyenne aux tâches domestiques . 43 % des mères et 30 % des pères ont passé plus de six heures quotidiennes à s’occuper des enfants. 13 % des personnes en couple se sont disputées plus fréquemment que d’habitude. Un tiers des élèves du second degré ayant des difficultés scolaires ont consacré trois heures ou plus à leur scolarité, contre la moitié des bons élèves. Les élèves de milieu modeste ou en difficulté scolaire ont plus souvent rencontré des difficultés matérielles ou pour se faire aider par leurs parents. Durant le confinement, plus de personnes ont pratiqué la musique, la danse, le dessin, la peinture et la sculpture, le montage audio ou vidéo ou encore des activités scientifiques ou techniques. Les écarts sociaux dans les pratiques culturelles en amateur se sont réduits.
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