PAPAIX Claire

Sur la base d'une enquête transversale menée auprès des résidents de Stockholm, Helsinki et Lyon, nous explorons les opinions sur trois mesures politiques visant à combattre la congestion routière : le péage urbain, la gratuité des transports publics et la construction de plus de routes. Le soutien aux deux dernières politiques est nettement plus élevé que celui apporté au péage urbain, qui n'est soutenu que par une majorité à Stockholm. L'intérêt personnel joue un rôle important dans la formation de l'opinion sur ces trois politiques. Cependant, les valeurs fondamentales et les opinions politiques générales, indiquées par quatre facteurs attitudinaux, sont encore plus importantes dans la formation des opinions envers les trois politiques de transport. De tous les facteurs attitudinaux, celui qui indique la préoccupation environnementale influence le plus le soutien à toutes les politiques. Les préoccupations d'équité, en revanche, augmentent le soutien à la gratuité des transports publics et l'opposition à la taxation augmente le soutien à la construction de routes supplémentaires. Nos résultats suggèrent également que les opinions en faveur de la gratuité des transports publics et de la construction de nouvelles routes peuvent être représentées le long de l'axe politique gauche-droite, où l'environnement et l'équité sont à gauche et la tarification et la fiscalité à droite. En revanche, l'opinion sur le péage urbain traverse tout le spectre politique. L'impact des valeurs fondamentales et des variables d'intérêt personnel est similaire à Stockholm et à Helsinki, ce qui indique que même si l'expérience accroît le soutien global au péage, elle ne modifie pas de manière significative la force relative des différents arguments politiques.

Cette thèse s'intéresse à la réconciliation entre le défi mondial du changement climatique et les solutions locales et sectorielles qu'il convient de bien articuler pour contribuer, efficacement, équitablement et de la manière la plus acceptable, à la réduction des émissions de CO2. Plus précisément, nous étudions les conditions pour une mise en place réussie de la politique climatique à l'échelle de la mobilité urbaine des personnes.

Cet article propose différents scénarios politiques pour réduire les émissions de CO2 causées par la mobilité urbaine des passagers. Plus précisément, nous comparons les effets de l'"outil direct" qu'est la taxe carbone, à une combinaison d'"outils indirects" - ne visant pas à l'origine à réduire le CO2 (c'est-à-dire le péage urbain, les frais de stationnement et la réduction du temps de trajet en transport public) en termes d'impact sur le CO2 par le biais d'un changement dans la répartition modale. Dans notre modèle, les choix modaux dépendent des caractéristiques individuelles, des caractéristiques des déplacements (y compris les effets des outils politiques) et de l'utilisation des sols dans les zones d'origine et de destination. Les "budgets d'émissions de CO2" personnels résultant des déplacements observés dans la zone métropolitaine de Lille (France) en 2006 sont calculés et comparés à la situation liée aux différents scénarios politiques. Nous constatons qu'une augmentation de 50 % des frais de stationnement combinée à un péage de cordon de 1,20 € et à une diminution de 10 % du temps de déplacement dans les services de transport public (effectuée après le recyclage des recettes de péage) est le scénario gagnant. Les effets combinés de tous les scénarios politiques sont supérieurs à leurs effets séparés.

La plupart des défis associés à la transition vers une mobilité à faible émission de carbone étant concentrés dans les villes, ce chapitre se concentre sur la mise en œuvre d'outils politiques à l'échelle urbaine. Après un aperçu conceptuel de l'économie de la mobilité à faible émission de carbone dans la section 2.1, nous présentons la boîte à outils du décideur politique pour réduire le CO2 de la mobilité urbaine dans la section 2.2, en évaluant ensuite l'efficacité, l'équité et l'acceptabilité d'un échantillon d'outils politiques.