Exposition variée aux substances chimiques cancérogènes, mutagènes et reprotoxiques (CMR) en milieu professionnel en France.

Résumé Objectif : Explorer les différentes expositions aux produits chimiques cancérigènes, mutagènes et reprotoxiques (CMR) des salariés français. Méthodes : Notre étude a évalué les données de l'enquête nationale transversale française sur les risques professionnels (SUMER) qui a été menée en 2010 auprès d'un échantillon national représentatif de salariés. Nous avons sélectionné 28 agents CMR qui ont été classés par le Centre international de recherche sur le cancer ou l'Union européenne comme étant connus ou présumés avoir un potentiel CMR chez l'homme. L'association des caractéristiques individuelles et professionnelles avec la prévalence, la durée et l'intensité de l'exposition aux agents CMR pendant une période d'une semaine a été examinée à l'aide d'une analyse de régression logistique à plusieurs niveaux. Résultats : Dans l'ensemble, 10,4 % des employés en 2010 ont été exposés à un ou plusieurs agents CMR sur leur lieu de travail, et 3,4 % ont été soumis à des expositions CMR multiples. Les cols bleus, les travailleurs de nuit et les travailleurs ayant un contrat de travail de courte durée ont connu une prévalence (p < 0,01) et une intensité (p < 0,05) d'exposition plus élevées. Les cols bleus et les travailleurs postés ont également connu une durée d'exposition plus longue (p < 0,001). A l'inverse, les cadres, les travailleurs des grandes entreprises et les femmes étaient moins exposés aux agents CMR (p < 0,001). La présence d'un Comité d'hygiène, de sécurité et des conditions de travail, et l'intervention de responsables de la santé et de la sécurité au travail étaient significativement associées à une réduction des intensités d'exposition (p < 0,001 et p < 0,05). La mise en place d'une réglementation européenne CMR et l'existence d'un principe de substitution applicable ont réduit la durée (p < 0,001) et l'intensité (p < 0,05) de l'exposition. Conclusions : Nos résultats mettent en évidence des disparités dans l'exposition au CMR et identifient des cibles hautement prioritaires pour les mesures de prévention afin de contribuer à réduire les disparités sociales en matière de santé.