Évolution des stratégies de contrôle de l'exposition professionnelle aux substances chimiques cancérogènes, mutagènes et reprotoxiques en France (2003-2010).

Résumé Contexte : Les directives européennes stipulent que les employeurs français doivent prendre toutes les mesures disponibles pour réduire l'utilisation des produits chimiques cancérigènes, mutagènes et reprotoxiques (CMR). Notre étude explore les tendances pour les différentes mesures de contrôle disponibles pour les employés exposés aux CMR, à deux moments (2003 et 2010). Méthode : Notre étude a évalué les données de l'enquête nationale transversale sur les risques professionnels (SUMER) de 2003 et 2010. La disponibilité des protections collectives (contrôles à la source et ventilation générale) et des équipements de protection individuelle (EPI) a été explorée. Les tendances de la disponibilité des mesures de protection ont été étudiées à l'aide de régressions logistiques multi-niveaux. Résultats : Les situations d'exposition sans aucune mesure de protection ont considérablement diminué entre 2003 et 2010 (29,9 % contre 17,9 %, respectivement). L'augmentation de la proportion de situations d'exposition impliquant des contrôles à la source (par exemple, une chambre d'isolement, une ventilation locale par aspiration, etc.) était toutefois bien moindre. L'analyse de régression multiple a montré que les stratégies de protection dépendaient des caractéristiques de l'emploi (par exemple, les horaires de travail, le contrat de travail et la profession) ainsi que de la taille de l'entreprise. Des changements notables sont intervenus entre 2003 et 2010. Par exemple, les différences de protection entre les travailleurs à temps plein et à temps partiel ont disparu au cours de la période de sept ans, tandis que celles entre les cadres/directeurs et les autres employés ont augmenté, tout comme les écarts entre les grandes et les petites entreprises. Conclusion : Bien que l'augmentation globale des situations d'exposition impliquant des mesures de protection masque un certain nombre de différences d'exposition entre les catégories de salariés, elle constitue un pas dans la bonne direction. Les contrôles à la source semblent être davantage mis en œuvre pour les expositions dont la durée est la plus longue, et les EPI sont très souvent associés aux protections collectives, ce qui correspond à ce qui est actuellement recommandé.