Intermédiation bancaire et finance parallèle : essais sur les racines du Shadow Banking.

Auteurs
Date de publication
2015
Type de publication
Thèse
Résumé L'ampleur sans précédent de la crise financière de 2007-2008 a donné naissance à une vaste littérature dévolue à l'analyse du phénomène du Shadow Banking, considéré comme le principal responsable de la débâcle bancaire et financière de la Grande Récession, sans pour autant apporter une compréhension globale. L’objectif de cette thèse est, à l’aide d’une approche positive, d’étudier les racines et effectuer une dissection du Shadow Banking, indispensable pour cerner sa complexité, en établir une compréhension globale et comprendre son rôle central dans le financement de l’économie et la création monétaire. Avant d’être normative, cette étude nécessite surtout une démarche positive qui doit présenter des faits et des mécanismes d’un point de vue analytique. Pour cela, ce travail contribue à la littérature existante en proposant une démarche progressive exposant les outils de la migration supposée des risques bancaires en dehors du bilan des banques et démêlant le vrai du fantasme dans une lecture approfondie des enjeux du Shadow Banking. Dans cette logique, le premier chapitre de ce travail de thèse s’est porté sur ce qui semblait être à l’origine de la crise de 2007-2008, à savoir la circulation des actifs et des risques des banques au travers de la vente de crédits bancaires. Il y est établi que le transfert d’actifs bancaires dans sa forme moderne est une réalité depuis plus de quarante ans, fragilisant l’hypothèse d’un phénomène récent coupable du péché originel menant à la crise, ce fardeau semblant dévolu à la titrisation. Le second chapitre de ce travail de thèse est ainsi consacré à l’étude de la titrisation et plus particulièrement de ses origines et de ses mécanismes. A l’image de la vente de crédit, l’hypothèse d’un phénomène récent est vite écartée par la riche et longue histoire du processus de titrisation qui s’étend sur plus de quatre siècles. A l’opposé d’un phénomène balbutiant et uniquement américain, la titrisation révèle des racines européennes et anciennes loin d’être dénuées d’une certaine instabilité. En revanche, il est avéré que la forme moderne de la titrisation doit son schéma au secteur public américain qui a, par son choix de privilégier les engagements sur la détention des actifs, entretenu le mirage d’une bénédiction de Midas sensé permettre de créer de la qualité ex-nihilo. Si cette fable est loin d’être soutenable, il n’en reste pas moins que la titrisation peut être un processus vertueux de répartition de qualité et de rendement rendu possible par la diminution des asymétries d’information, accompagné d’une amélioration sensible de la liquidité du financement. Cependant, elle n’en reste pas moins le support préférentiel des arbitrages réglementaires bancaires permis par l’attentisme des régulateurs. Enfin, à la lumière de ces éclairages nécessaires sur les outils de la finance moderne, le troisième chapitre de ce travail de thèse se consacre à l’étude du Shadow Banking. Après en avoir exposé et dénoncé les poncifs, il offre une lecture du phénomène qui dépasse le simple fantasme d’un système bancaire parallèle caché dans les ombres en proposant une lecture qui mène progressivement à s’interroger sur le basculement du système financier vers une dynamique de collatéralisation intensive. Cette multiplication des assurances trouve alors son paroxysme dans l’émergence d’une nouvelle hiérarchie monétaire, les banques centrales abandonnant un peu plus leurs prérogatives au secteur privé : les banques disposent depuis près d’un siècle de la capacité de création monétaire qui a été, peu à peu, cédée de concert au Shadow Banking. Ce troisième chapitre appelle une réflexion ultérieure sur la place de la banque dans le système financier et sur l’avenir de la création monétaire qui échappe de plus en plus aux banquiers centraux.
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